mardi 2 février 2010

Andrew Cohen





La quatrième loi se nomme la vérité de l’impersonnalité. Cette loi affirme qu’en fin de compte tous les aspects de notre expérience personnelle peuvent être regardés depuis une perspective qui est totalement impersonnelle. Et c’est seulement à partir de cette perspective vaste et universelle, que la véritable liberté peut être découverte.

Le point de vue impersonnel nous révèle que l’ego, ou sens d’être un moi séparé, n’est rien de plus qu’une illusion d’unicité créée d’instant en instant par notre habitude compulsive de personnaliser presque toutes nos pensées, sentiments et sensations. La vérité est que l’expérience humaine ne saurait jamais être une affaire personnelle. La plupart des hauts et bas que nous traversons et que nous revendiquons mécaniquement comme « miens » sont en fait scandaleusement impersonnels. Dans la perspective la plus vaste, toute l’expérience humaine peut être vue comme faisant partie d’un processus – un processus évolutif qui se développe dans le temps. Notre propre expérience personnelle de ce processus, dans toutes ses dimensions - internes ou externes, grossières ou subtiles – ne représente en fin de compte qu’une toute petite portion d’un déploiement infini. Les pensées et les émotions qui émergent dans la conscience individuelle sont le reflet d’habitudes et de structures psychologiques et émotionnelles qui se sont développées lentement sur des centaines de milliers d’années.

Si, à la lumière de ce plus grand contexte dans lequel nous vivons, nous prenons du recul et commençons à regarder de plus en plus objectivement, nous allons lentement mais sûrement reconnaître par nous-même la nature impersonnelle de toute notre expérience. Dans cette reconnaissance, la dimension personnelle nous deviendra soudain totalement transparente. Cette révélation, même si seulement temporaire, va complètement saper toutes les croyances qui soutiennent notre conviction d’être une entité individuelle et unique, vivant dans une sorte de bulle séparée, mystérieusement isolée de tout ce qui existe. Nous sommes un processus. Osons y faire face et nous deviendrons transparents à nous-mêmes.

Le personnel est simplement le voile qui crée l’illusion de séparation qu’est l’ego. C’est une illusion forte, puissante et profonde. La plupart d’entre nous passons notre vie entière derrière ce voile, sans jamais aller au delà, sauf peut-être en de brefs aperçus d’états de conscience supérieurs. Mais si nous sommes prêts à faire face à la vérité de l’impersonnalité, et avons le courage de voir au travers de notre sentiment personnel de nous-même, nous découvrirons la nature éminemment impersonnelle du Soi Authentique, que nous sommes réellement. En embrassant la perspective impersonnelle, notre identification et notre allégeance basculent d’une manière spectaculaire des soucis de l’ego vers la passion impersonnelle du Soi Authentique - qui lui ne s’intéresse qu’à l’avenir de notre processus de développement collectif. Pour le Soi Authentique, le personnel est totalement hors de propos. Nous pouvons encore faire l’expérience de la dimension personnelle - éprouver les peurs, névroses et compulsions irrationnelles de l’ego - mais si notre allégeance est au Soi Authentique, nous découvrons de façon miraculeuse que nous avons la force émotionnelle, psychologique et spirituelle pour pouvoir y faire face. Pourquoi ? Parce que nous savons que nous ne sommes qu’une petite portion d’un vaste processus impersonnel. Lorsque nous repoussons le voile du personnel, nous découvrons une objectivité radicale qui nous libère, maintenant, pour participer consciemment au plus haut niveau de ce processus, qui est l’évolution de la conscience elle-même.




2 commentaires:

  1. D. Gont.,
    L'ego est surtout un ego social je pense.
    Ce n'est pas assez dit et je mets des mots sur cette évidence que depuis peu.
    Et c'est ce qui fausse tous les actes spontanés.
    L'ego personnel en tant que tel n'existe pas vraiment ou il est plutôt naturel et sain. Ca me parait important.
    Y'a pas de raison de se faire marcher dessus non plus.
    Il y a un minimum d'ego syndical.
    Mais l'ego dont tout le monde parle est en réalité un ego social.
    Et c'est vraiment le plus emmerdant.
    Car il dicte vraiment des comportements contres-nature.
    La quête de la performance, de la perfection etc c'est essentiellement psychologique et pour être gratifié par les autres.
    C'est un premier truc à régler je pense et c'est pas évident.
    Et c'est vrai que comme dit Andrew Cohen l'intérêt est de ne plus se focaliser sur un nombril spirituel. Donc la notion de mon soi, de mon âme etc sont des nouveaux egos plus spirituels.
    Mon évolution ^^
    Alors qu'il s'agit plutôt d'une involution ;)
    Nous sommes tellement pas dans le sentiment impersonnel au niveau global de l'humanité que tout accord et consensus sur la préservation de notre seul lieu d'habitation en tant qu'espèce semble totalement impossible.
    C'est bien la preuve flagrante des désastres d'une vision personnelle. Ca conduit au suicide collectif.
    Cohen est intéressant dans sa vision évolutive globale.
    Car il y a forcément un sens à la faculté de l'homme de se savoir exister et de pouvoir créer.
    C'est là dessus qu'on ne s'interroge pas assez.
    J'avais émis l'hypothèse qu'il puisse être comme un propagateur de la vie dans l'espace.
    Du moins qu'il se dirige vers ça.
    Pourquoi pas...

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