mercredi 16 juin 2010

souvenirs





Lorsque j'étais enfant, vers 7 ans (l'âge de raison, dit-on) il m'arrivait, au moment du coucher, de me poser mille questions.

Je me rends compte avec mon regard d'adulte que c'était là des questions existentielles. Mais qui m'ont un peu quittées depuis. Est-ce que c'est ça "grandir"?

Ainsi, je me demandais pourquoi j'étais moi. Et pourquoi pas quelqu'un d'autre ? Il y avait tant de possibilités : pourquoi étais-je moi, dans cette famille, avec ces parents, avec ce petit frère ? Et si j'avais été quelqu'un d'autre ? Ces questions étaient vertigineuses. Je me rendais compte que potentiellement j'aurais pu être plein d'autres personnes.
Je le dis avec mes mots d'adulte : j'aurais pu revêtir plein d'autres identités, plein d'autres personnalités. Je me demandais pourquoi m'étais-je actualisée dans ce corps, dans cette existence, dans cette vie.

Ces questions me tenaient éveillée un certain temps.
Et puis je les ai abandonnées.

Elles me reviennent à présent, comme si elles avaient décanté deux autres cycles de 7 ans, pour revenir maintenant seulement. Mûries, affûtées, enrichies. Quoique.

Je ne peux m'empêcher de faire le lien avec la pensée de Wei Wu Wei, lorsqu'il parle de noumènes et de phénomènes. C'est comme si, enfant, j'avais pris conscience du monde des possibles, du monde des possibles non actualisés.

Ce souvenir m'est revenu ce matin, alors que j'épluchais une orange.
Rien à voir !