mercredi 23 septembre 2009

synesthésie





La synesthésie, du grec syn (union) et aesthesis (sensation), est un phénomène neurologique par lequel deux ou plusieurs sens sont associés. Par exemple, dans un type de synesthésie connu sous le nom de synesthésie "graphèmes-couleurs", les lettres de l'alphabet ou nombres peuvent être perçus colorés. Dans un autre type de synesthésie, appelée "synesthésie numérique" (number form synesthesia), les nombres sont automatiquement et systématiquement associés avec des positions dans l'espace. Dans un autre type de synesthésie, appelé synesthésie de personnification ordinale/linguistique, les nombres, jours de la semaine, mois de l'année évoquent des personnalités. Dans d'autres types de synesthésie, la musique et d'autres sons peuvent être perçus colorés, ou ayant une forme particulière. La synesthésie impliquant des formes et couleurs est plutôt répandue, alors que la synesthésie impliquant des goûts et odeurs est plutôt rare.

Alors que des métaphores exprimant un croisement de sens sont parfois qualifiées de "synesthétiques", une vraie synesthésie d'origine neurologique est involontaire et concernerait une personne sur 23, soit environ 4 pour cent de la population. (Simner). Il y a un facteur génétique probable, la synesthésie semble se transmettre par hérédité via le chromosome X [réf. nécessaire]. La synesthésie peut être acquise dès la naissance (la personne est alors appelée synesthète) ou bien (pour le cas des hallucinations synesthétiques) résulter de la prise de drogues hallucinogènes.


Se remémorant une expérience de son enfance, Patricia Lynne Duffy écrivait : « Un jour, je dis à mon père, "Je viens de me rendre compte que pour écrire la lettre "R", tout ce que j'ai à faire est de dessiner un "P", et ensuite une ligne partant de sa boucle." Et j'étais tellement surprise de constater que je pouvais transformer une lettre jaune en lettre orange, juste en ajoutant une ligne. » [1]

Un synesthète graphèmes → couleurs témoigne : « J'associe souvent les lettres et les nombres avec des couleurs. Chaque chiffre et chaque lettre est associé à une couleur dans ma tête. Parfois, lorsque les lettres sont écrites sur un morceau de papier, elles apparaîtront brièvement en couleur si je ne suis pas concentré dessus. Par exemple, "S" est rouge, "H" est orange, "C" est jaune, "J" est jaune-vert, "G" est vert; "E" est bleu, "X" est mauve, "I" est jaune pâle, "2" est brun, "1" est blanc. Si j'écris SHCJGEX, ou encore ABCPDEF, ces lettres formeront un arc-en-ciel alors que je les lis. »



vendredi 11 septembre 2009

J. Krishnamurti (2)




La souffrance n'est-elle qu'un mot ou une réalité ?

Si c'est un fait, le mot, au point où j'en suis, n'a plus de sens ; il n'y a plus en moi que la perception d'une intense douleur. Par rapport à quoi ? Par rapport à une image, à une expérience, à quelque chose que je n'ai pas. Si je l'ai, je l'appelle plaisir ; sinon, c'est la douleur. La douleur, la souffrance existent par rapport à quelque chose. Ce "quelque chose", c'est-ce qu'une abstraction habillée de mots, ou est-ce une réalité ? Il est important de savoir ce qu'il est.
De même que la peur n'existe pas en soi, mais est toujours la peur de quelque chose, la souffrance est toujours en relation avec une personne, un incident, un sentiment. Me voici maintenant pleinement conscient de la souffrance. Est-elle distincte de moi, ne suis-je que l'observateur qui la perçoit, ou est-elle "moi" ?



jeudi 10 septembre 2009

Bouddha Khmer

J. Krishnamurti (1)




Il n'y a pas d'entité distincte du désir :
il n'y a que le désir, il n'y a pas de sujet qui désire.

Le désir prend des masques différents à différentes époques, selon ses intérêts. Le souvenir de ces intérêts changeants affronte l'inédit, ce qui provoque le conflit, et c'est ainsi que naît celui qui choisit, qui se fonde en entité séparée et distincte du désir.

Mais l'entité n'est pas différente de ses qualités. L'entité qui essaye de combler ou de fuir le vide, l'incomplétude, la solitude, n'est pas différente de ce à quoi elle cherche à échapper : elle est ce vide, cette incomplétude, cette solitude. Elle ne peut pas se fuir elle-même ; tout ce qu'elle peut faire, c'est se comprendre elle-même. Elle est sa solitude, sa vacuité, et tant qu'elle les considère comme étant séparées d'elle-même, elle sera dans l'illusion et les conflits sans fin. Lorsque cette entité fera l'expérience directe du fait qu'elle et sa solitude ne font qu'un, alors seulement pourra disparaître la peur.

La peur n'existe que par rapport à une idée, et l'idée est la réponse de la mémoire en tant que pensée. La pensée est le résultat de l'expérience ; et bien qu'elle puisse méditer sur le vide, avoir des sensations à son propos, elle ne peut avoir la connaissance directe de ce vide. Le mot "solitude", lourd de ses souvenirs de souffrance et de peur, empêche qu'on ait de la solitude une expérience fraîche et neuve. Le mot est souvenir, et lorsque le mot n'a plus d'importance, la relation entre le sujet et l'objet de l'expérience est radicalement différente ; alors cette relation est directe et ne passe plus par le mot, par le souvenir ; alors celui qui fait l'expérience est l'expérience, qui seule libère de la peur.


J. Krishnamurti, Le livre de la méditation et de la vie