mardi 29 décembre 2009

conscience et navets








Bien souvent,
je me surprends à effectuer les tâches avec rapidité, efficacité (disons, avec un désir d'efficacité ...!), dans le but d'arriver assez vite à la suite, à mon but.

Par exemple : faire ma toilette le soir en vitesse pour être vite sous la douceur de ma couette avec mon bouquin, me dépêcher de faire la vaisselle pour arriver vite à mon café tendrement amer.

Ces tâches, je les effectue alors comme des corvées, qu'il faut vite achever avant d'avoir une sorte de récompense.

Pourtant, de plus en plus, j'essaie de freiner cet automatisme, et je me ralentis soudain, pour profiter de ce moment. Il a alors une autre dimension. Je le savoure. C'est un moment de pure conscience, je m'y implique entièrement, et la récompense s'est effacée de mon esprit.

C'est ainsi que récemment j'ai découvert la joie d'éplucher des navets.
Ce dégradé du blanc au violet qu'on ôte pour faire apparaître la blancheur lumineuse de la chair nue. La lame bien aiguisée contre laquelle la peau du légume n'oppose aucune résistance. La vibration que cela produit et qui se propage dans la paume de la main. La longue lamelle de peau qui fait un serpentin.
Et le couteau qui coupe le blanc en deux, puis en quatre.


... J'en aurais bien épluché un kilo !



lundi 21 décembre 2009

ennui






Pratique, méditation, ascèse, retraite, discipline, travail, entraînement, illumination, recherche spirituelle, technique.

Ces mots m'ennuient.




dimanche 20 décembre 2009

Ramesh Balsekar







Quand le rêveur s'éveille, le rêve prend fin et pour celui qui est réveillé, les autres « entités » de son rêve n'ont plus aucune substance. Tout pareillement, dans le rêve vivant, pour celui qui est éveillé (qui a réalisé que rien de perceptible par les sens, y compris «l'entité » que l'on pense être, ne saurait être autre chose qu'une simple apparition dans la conscience), pour cet être-là, les autres personnages rêvés du rêve vivant ont perdu toute substance. L'éveillé réalise qu'il est la subjectivité Abso­lue inconditionnée, sur laquelle le frémissement de la conscience a fait spontanément naître ce rêve vivant, sans cause ni raison, et il se contente de «vivre» le rêve jusqu'à ce que, au terme du temps qui lui est imparti, la conscience fusionne de nouveau spontanément dans la Subjectivité Absolue.


Ramesh Balsekar, Les Orients de l'Etre,Le Coeur de l'enseignement




jeudi 10 décembre 2009

frigo et découvertes







Hier soir, le sommeil ne venait pas.

A cause de mon foutu frigo, qui, je ne sais pour quelle raison, faisait des craquements vraiment bruyants.

Je me suis alors concentrée sur mes sensations, mon ventre qui se gonflait et venait toucher la couette, puis qui se reposait. Puis sur ce foutu bruit.

Je me suis donc rendue compte que tout se passait EN MOI.
Mais vraiment. Ce n'était pas théorique, c'était vraiment une expérience vivante.

Le bruit de ce craquement était dû, je suppose, à la glace de mon freezer qui se dilatait. (Ou a des fils, ou je ne sais quoi d'autre).
Mais, en soi, ce n'était pas DE LA que provenait le bruit. Non. C'était en moi. Le bruit n'était pas là-bas, dans ce foutu frigo, mais EN MOI. C'était tellement évident que ça m'a tenue éveillée et résultat j'ai passé une nuit très courte.

Il existait EN MOI.

(J'en reviens toujours pas).


Bonne journée !
Et heureuses découvertes pour ce jeudi !






mardi 8 décembre 2009

Espace






Les choses ne m'arrivent pas.

Les choses arrivent.

Se déroulent en moi.

Plus le temps passe, plus je me considère davantage comme un espace que comme une personne. Espace dans lequel se déroule un jeu ( un je ?): celui de relations, d'émotions ...

Récemment, j'ai eu une discussion un peu difficile avec un proche.
J'ai réussi à éviter une dispute prévisible en me décentrant. En occultant le petit moi, en "pensant" à partir d'une globalité impersonnelle, indépendante de ce qui se jouait là. Et, ma foi, je ne me suis pas mise en colère ni n'ai été triste. Il y avait une sorte de neutralité. J'étais détachée, tout en me sentant concernée.

Le texte d'Alan Watts que j'ai mis récemment me fait beaucoup d'effet !






samedi 5 décembre 2009

La mort, Alan Watts





Prenons le fait pour acquis : il n'y a rien après la mort.
C'est la fin absolue ; remarquez bien que c'est la pire chose que vous ayez à redouter. Cela vous effraie-t-il ? Mais qui va donc être effrayé ? Si l'on admet que c'est la fin, il n'y a pourtant plus de problème ... Mais, si vous suivez bien mon raisonnement, vous constaterez que ce néant est quelque chose dans quoi vous vous plongez de nouveau, comme vous en avez jailli lorsque vous êtes né. Vous jaillissez du néant, le néant est une sorte de saut, qui veut que "rien" implique "quelque chose". Vous jaillissez de nouveau tout neuf, tout différent, sans rien à voir avec ce que vous étiez auparavant, c'est un total renouvellement.

On dit qu'il n'y a rien de sûr que la mort et les impôts. Et la mort de chacun de nous est aussi certaine que si elle devait intervenir dans les cinq minutes qui viennent. Dans ce cas, pourquoi s'en faire ? Où est le problème ? Considérez que vous êtes déjà mort, et vous admettrez que vous n'avez plus rien à perdre ! Comme le dit un proverbe turc : "Celui qui drt par terre ne risque pas de tomber du lit". C'est ainsi qu'il en est pour celui qui se considère déjà comme quelqu'un de mort.

Virtuellement, vous n'êtes donc rien. D'ici moins de cent ans, vous ne serez qu'une poignée de poussière, au sens propre. Partez maintenant de cette réalité, et partez de ce ... néant. Soudain, vous allez vous surprendre vous-même. Plus vous allez prendre conscience que vous n'êtes rien, plus vous arriverez à être quelque chose.

Telle est la nature de la vie, l'impulsion qu'elle donne. Je devrais être ailleurs. Si vous découvrez que c'est un tour que vous vous jouez à vous-même, vous atteignez la sérénité ; sans pour autant abandonner le jeu sous prétexte que vous avez deviné le truc. Vous vous dites simplement "Après tout, ça pourrait bien être amusant de continuer la partie"

Alan Watts






Source : http://nondualite.free.fr




mardi 1 décembre 2009

Solitude et Libération





La solitude est en rapport avec le moi.

Le moi est seul.

La pensée 'moi-je' crée la séparation. Dès qu'elle est prononcée, "je" suis séparé de "toi".

Tant que cette pensée est alimentée, la solitude et l'isolement règnent.

Se libérer de la solitude signifie se libérer du moi.

Qui peut se libérer du moi ?

Personne.

La conscience observante est déjà libre. Elle est regard.

La lumière existe avant l'image. L'image n'a pas d'existence sans la lumière, mais la lumière est, avec ou sans images.

De la même manière, le Je, conscience observante, est, avec ou sans la pensée 'moi-je'.

La pensée 'moi-je' est comme une image apparaissant sur l'écran de la conscience. L'écran n'est pas affecté par elle.

Voir la pensée 'moi-je', c'est se savoir libre d'elle.

Dans cette liberté par rapport à la pensée, il n'y a ni solitude, ni isolement.

La liberté est ouverture et unité. Elle ne connaît pas la séparation. Elle est amour.



Jean-Marc Mantel

Là où la pensée n'est pas





La pensée a la particularité de créer des formes. Lorsque nous pensons à quelqu'un, sa forme apparaît dans notre esprit. Il en est de même pour les circonstances et situations. Lorsque nous y pensons, des formes qui les représentent apparaissent dans l'esprit, et nous entrons en relation avec ces formes comme si elles étaient la réalité en soi.

La forme princeps est la pensée moi. C'est elle que l'on pourrait nommer la pensée originelle. Cette pensée moi contient un aperçu instantané de ce que nous pensons être, à savoir le corps, la personnalité et tous les conditionnements qui s'y rattachent.

Une pensée en tant que forme est une image figée d'une réalité qui ne peut être fixée, étant constamment mouvante. La pensée d'une rivière n'est qu'une représentation de la rivière, mais n'a pas le pouvoir de mouiller. La pensée d'un bijou n'est qu'une représentation du bijou, mais ne peut être portée. La pensée d'une personne n'est que la représentation d'une personne, mais ne peut être touchée.

La pensée a donc un pouvoir de représentation, mais n'est pas en soi la réalité de ce qu'elle représente.

Vient ensuite la relation qui s'installe avec cette forme.

La pensée moi émerge dans l'esprit. Je me confonds avec elle. Je suis cela. Dans cette fusion et confusion, j'oublie la réalité de ce que je suis. J'oublie que je suis le substratum dans laquelle la pensée émerge. J'oublie que sans moi en tant que conscience, la pensée ne pourrait apparaître, de la même manière que la lettre ne peut se former sans support sur quoi s'apposer.

Aussi subtiles et raffinées que soient les pensées, elles dépendent toutes d'un support pour pouvoir exister.

Ce support est souvent nommé conscience, mais la pensée de ce que la conscience peut être n'est pas la conscience elle-même, puisque cette pensée émerge dans la conscience qui la supporte.

La conscience a la particularité de ne pas avoir d'autre support qu'elle-même. On peut la dire sans support, car elle supporte la totalité de la manifestation, sans pour autant avoir besoin de support pour elle-même.

Les pensées ont un pouvoir d'expression. La pensée d'un parfum s'accompagne d'une sensation, une odeur qui lui est associée. La pensée est ainsi rattachée à la mémoire. La pensée est mémoire. Imaginez un instant être absolument sans mémoire, aussi vide que peut l'être le vide absolu ou bien la manière dont on se le représente. Dans ce vide absolu, la pensée ne trouve nul aliment pour se constituer. Sans aliment, elle ne peut naître. Sans naissance, elle n'est pas.

Cette expérience du vide absolu est goûtée lorsque l'esprit est silencieux, que ce soit un silence de survenue spontanée ou bien un silence induit par l'abandon du bruit, le bruit désignant ici l'agitation mentale.

Lorsque notre esprit est vide de contenu, il est aussi vide de pensée, et vide de mémoire. Et pourtant, sans pensée et sans mémoire, le sentiment d'être est toujours présent. L'indéniable pouvoir de l'être, qui n'a pas besoin d'être pensé pour être, qui n'a pas besoin d'être représenté pour s'affirmer
.

La nature de notre être est ainsi libre, aussi paisible et silencieuse que la profondeur de la mer, aussi pleine et dense que l'eau condensée.

La pensée a le pouvoir de ramener la conscience à sa nature propre. En suivant le fil de la pensée, se découvre l'espace de conscience qui la contient. C'est vers lui que se dirige toute quête et c'est en lui que se résout toute quête. Inutile donc de se perdre dans le dédale des pensées pour que l'attention puisse se retourner vers là d'où elle vient.

Rendons donc hommage à la rayonnante non-pensée, qui rend caduque tout effort de penser et libère de l'entrave que la pensée représente, dès lors qu'elle est confondue avec la réalité.


Jean-Marc Mantel