mardi 9 juin 2009

littérature

En ces temps d'oisiveté (les vacances estudiantines peuvent être longues !), je me replonge avec délices dans les romans que j'ai pu lire dans ma jeunesse, en particulier tout le long de mon adolescence.



Quelle littérature riche !

Les auteurs semblent se permettre des libertés que n'ont pas les auteurs de romans "pour adulte". Le cynisme est absent, sans pour autant verser dans le roman à l'eau de rose. Ils osent parler de joie, de bonheur, de simplicité. Ils ont su se positionner subtilement sur une corde, tendue entre gravité et optimisme, réalisme et fantaisie. Il me semble, avec le recul, avoir bien plus appris avec cette "littérature jeunesse" qu'avec les romans destinés aux adultes.

Je vous livre ici le passage d'un roman de William Nicholson, troisième volet de la trilogie "Le vent de Feu". A l'époque où je l'ai lu, (vers 14 ans), je n'avais pas encore toute ma sensibilité actuelle pour accéder à cette couche de compréhension, mais à présent, je me régale tout à fait en relisant ce passage !


"Kestrel cligna des yeux, s'efforçant d'accommoder sa vue. Mais ses yeux voyaient nettement, plus nettement et de façon plus pénétrante que jamais. A présent, le mur de la cabine se désintégrait. Avec un étrange gargouillement, que les autres pouvaient sûrement entendre même s'ils n'en montraient rien, les planches devenaient mousse, puis tombaient en petits tas flottants sur le plancher. Sauf qu'il n'y avait plus de plancher. En dessous d'elle, il y avait de l'eau, de l'eau qui scintillait et se ridait, et restait cependant ferme sous ses pieds. De l'eau entièrement transparente, au point qu'en regardant en bas, à travers le fond disparu de la péniche, dans le fleuve étincelant, elle vit le ciel -ou tout au moins un espace brillant-, puis elle comprit que ce n'était pas du tout de l'eau qui était sous elle, mais de l'air, et même pas de l'air, de la lumière ...

Prise de vertige, effrayée, elle leva les yeux. La cabine, son frère, Albard, Jumper, tout avait disparu. Elle était seule dans un monde de lumière. Elle tendit les mains devant elle, et vit ... le néant. Elle baissa les yeux sur son propre corps et vit ... le néant. Elle avait disparu elle aussi. Il n'y avait que cette infinité de lumière vibrante ... et elle-même, qui le savait.

"je ne peux donc pas avoir disparu. Je dois toujours être là".
Mais où ?
"partout, fut la réponse. Je suis partout. J'ai rejoint le tout."
Elle cessa alors d'avoir peur, et se senti soudain inondée de joie. Elle comprenait, à présent. D'une certaine façon, elle avait glissé entre les murs qui séparaient les choses les unes des autres pour entrer dans cet endroit où elles étaient toutes réunies. Elle se souvint de cette aube hivernale où elle était restée dans la lumière éblouissante du soleil qui passait entre les arbres. Elle s'était alors dit "Pourquoi cela devrait-il finir ?" Ici, maintenant, perdue dans une lumière plus grande, elle comprenait qu'il n'y avait pas de fin, pas de liens, ni ceci ni cela, ni avant ni après. Toute existence s'était dissoute, y compris la chose qu'elle appréhendait auparavant comme son propre corps ..."





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